« Senza cinema, senza
scivere, che cosa le sarebe piaciuto diventare ? Un bravo calciatore. Dopa
la letteratura e l’eros, per me il football é uno dei grandi piaceri »
« Sans le
cinéma, sans l’écriture, qu’aurais-je aimé devenir ? Un joueur de
football. Après la littérature et l’éros, pour moi le football est un des plus grands plaisirs »
Pier Paolo Pasolini
Avec Camus, Pasolini partage la
passion du football, une passion rare chez les intellectuels de leur époque.
Elle en dit parfois long sur leur conception de la morale, de l’étique et de l’esthétique. Camus était goal, car enfant,
trop pauvre, il ne pouvait pas user ses chaussures. Pasolini lui jouait arrière
droit avec un certain talent.
« Je ne savais pas que
vingt ans après dans les rues de Paris
ou de Buenos aires (oui ça m’est arrivé)
le mot RUA prononcé par un ami de rencontre ne ferait battre le cœur le
plus bêtement du monde ». Camus est un homme de fidélité, le Racing
Universitaire Algérois ne fait pas exception. Il y joua jusqu’ à l’âge de 17 ans, une
tuberculose interrompu sa carrière. Le RUA était un club plutôt élitiste, mais
ouvert à toutes les couches de la population, un club mixte qui acceptait les
musulmans. Camus explique : « On jouer dur avec nous. Des étudiants,
fils de leurs pères, ça ne s’épargne pas. Pauvres de nous, à tous les sens,
dont une bonne moitié était fauché comme les blés ! »
Arrivé dans la métropole, il supporte le
Racing Club De Paris pour des raisons des plus évidentes : « Je puis
bien vous avouer que je vais voir les matchs du Racing club de Paris ;
dont j’ai fait mon favori, uniquement parce qu’il porte le même maillot que le
RUA, cerclé de bleu et blanc. » Mais il ajoute plus
finement : « il faut dire d’ailleurs que le Racing a un peu les
mêmes manies que le RUA. Il joue
« scientifiquement » comme on dit, et scientifiquement, il perd les
matchs qu’il devrait gagner. »
« Vraiment le peu de morale
que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de
théâtre qui resteront mes vraies universités ».
Chez Camus la passion du football est avant tout morale. Elle est à l’image de
son œuvre où l’absurde et le destin restent implacables. «J’ai appris tout de
suite qu’une balle ne vous arrivait jamais du côté où l’on croyait. Ca m’a
servi dans l’existence et surtout dans la métropole où on n’est pas franc du
collier.»
Face à la passion de Camus pour
les deux Racing et leur jeu scientifique, on peut opposer l’admiration de
Pasolini pour le jeu plus artistique de l’équipe nationale brésilienne de 1970
qui conquit le titre de champion du monde face à l’Italie. « Le
football est l’ultime représentation sacré de notre temps. Il
est le rite
de la fin,
même si vous
échapper. Alors que d'autres représentations sacrées, même de masse, sont en
déclin, le football est l’unique restant. Le football est le spectacle qui s’est
substitué au théâtre. »
« Le football est un système de signes
donc un langage. », une conception sémiotique que Pasolini va développer
très loin. Il met en évidence des joueurs prosateur et des poètes :
Bulgarelli « prosateur réaliste » ; Riva un « poète
réaliste » et Corso « un poète un peu maudit ». Cette dichotomie prose-poésie Pasolini la
retrouve dans la confrontation entre l’Italie et le Brésil.
Le célèbre catenacio (cadenas) ou
triangulation de la squadra azzura est
un football de prose, car il est basé sur la synthèse, le jeu collectif, le
code. Le seul moment poétique reste la contre attaque, le contre pied. Ce jeu
s’oppose à celui de la selecção. Il est plus poétique puisque c’est du drible que né la poésie pour
Pasolini. L’équipe brésilleine peut marquer à tout moment, de toutes les
positions grâce à ses talentueux dribleurs. Le moment le plus poétique restent
le but. Tout but est une invention, une subvertion des codes.
Mais pour Pasolini, plus que le jeu pour le jeu ou
l’art pour l’art, conception flauberdienne du football, le sublime du jeu
brésilien vient de la réconciliation entre efficacité et beauté du geste. Une
conception kantienne de l’esthétique qu’il synthétise dans son expression “gol
fatal”. Chez Kant le sublime n’est pas possible dans l’art. Le ‘fatal gol’
dépasserait la notion d’oeuvre d’art, il n’est pas imitation de la nature ni
simple objet de plaisir. Il devient par sa finalité que l’homme lui porte par
son regard aussi digne d’admiration que la nature. C’est en cela que le “fatal
goal” est sublime.
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